Michel Meunier / Sudouest
MAIN NUE
Jean-Michel Idiart et les vingt joueurs professionnels à main nue qui ont rejoint l’association EPB (Elite Pelote Basque) ont tenu une conférence de presse hier après-midi à Saint-Jean-de-Luz pour préciser leur position et présenter les grandes lignes de leurs projets pour l’année. Pour les intervenants, la situation est claire : il y a scission et EPB a le droit de vivre sa vie en dehors de la Fédération.
Pour Jean-Michel Idiart, c’est l’annonce par la FFPB de créer un circuit pro-am qui a fait déborder le vase. « Nous avons ressenti cela comme un nouveau coup de force, une récupération à bon compte des efforts que nous avons fait depuis trois ans pour aller vers une gestion plus professionnelle de la main nue Elite, a-t-il dit. Il fallait sortir de l’épreuve de force, c’est pour cela que les joueurs ont rendu leurs licences. Nous ne voulions plus vivre la situation de l’an dernier avec les sanctions disciplinaires. En plus cela ouvre des perspectives vers un cadre différent d’activités. ».
L’association s’est rapproché d’un cabinet d’avocats spécialisés afin d’étudier le statut juridique de cette association et de savoir si oui ou non elle pouvait être organisatrice de parties de pelote. « Il y a des points incontestables que nous reconnaissons, a dit Jean-Michel Idiart. Seule la Fédération peut avoir des rapports avec le ministère de tutelle. Elle est seule habilité à valider des titres nationaux ou régionaux. Mais elle n’a pas le monopole de la pratique sportive. Il existe des cas connus dans d’autres disciplines comme le football corporatif ou les sports scolaires. Bien entendu si l’on veut faire jouer des licenciés fédéraux, il faut une autorisation. »
Après avoir hésité à s’organiser en empresas comme dans le sud, EPB a choisi la formule associative régie par la loi de 1901. Après négociations avec les organismes concernés, le statut du joueur a également été défini : ce seront des travailleurs indépendants. Même si une autre piste est explorée, celle du salarié à temps partiel utilisée dans le rugby professionnel par exemple pour quelques amateurs sous contrat.
Les joueurs intéressés signent un protocole d’accord avec EPB qui a un droit de regard sur leurs engagements à titre personnel et par lequel ils s’engagent à suivre une préparation physique adéquate, à respecter la charte anti-dopage, à participer à des opérations promotionnelles auprès des jeunes.
EPB, pour sa part, met en place un circuit (14 tournois sont annoncés à ce jour); va créer des Trophées annuels Elite-Pro par équipes (1) et individuels; s’engage à établir un classement des joueurs; va travailler au renforcement des relations transfrontalières. EPB souhaite que les ponts ne soient pas définitivement rompus avec la Fédération ne serait-ce que pour organiser des compétitions Open ou assurer une passerelle entre amateurs et Elite Pro. Et pour montrer ses bons sentiments, Jean-Michel Idiart a précisé que pour les choix des dates, il avait été tenu compte du calendrier fédéral afin de ne pas venir en concurrence.
Mais le conflit ne devrait pas en rester là. Roland Dufourg, le président de la FFPB avait été très ferme la semaine dernière (voir SO du 7 mars) : « Nous sommes outillés et prêts à en découdre, avait-il dit. On doit protéger la pelote dans son ensemble. Nous vivons une situation dramatique mais nous saurons faire front avec tous les moyens de droit mis à notre disposition. » Cela pourrait donc aller jusqu’en justice. Joint hier soir, Roland Dufourg, s’estimant insuffisamment informé, n’a pas souhaité réagir à chaud. Il le fera ultérieurement par communiqué. Reste aussi, et ce n’est pas neutre dans le débat, à connaître les positions des propriétaires (privés) de trinquet. EPB affirme les avoir tous vus et se dit confiant.
(1) Le Trophée ELITE EPB PRO par équipes 2005 se dérouelra entre les 20 joueurs entre le 4 avril et le 15 mai avec barrages, 1/4 de finales, demi-finales (jouées aller-retour avec belle s’il y a lieu) et finale. Les lieux et la composition des équipes seront donnés ultérieurement.